ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -III-

Aller en bas 
AuteurMessage
ILYAS
Bavard
ILYAS


Nombre de messages : 47
Localisation : Larache/Maroc
Date d'inscription : 12/05/2005

FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -III- Empty
MessageSujet: FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -III-   FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -III- Icon_minitimeMer 9 Nov - 9:10


En effet, la bonne Dame lorsque son fils pénétra ainsi dans le château l’embrassa, fière et tendre. Puis elle donna un baiser de bienvenue à la jeune fille qu’il lui présentait. La charitable femme était habile ne l’art de guérir les blessures, et les pitoyables moignons furent rapidement cicatrisés.
Dès lors dans le cœur de la pauvre Françoise-aux-mains-coupées la souffrance s’effaça peu à peu, faisant place à un sentiment profond où l’amour mêlé à la reconnaissance s’allumait d’un feu entretenu par le jeune Seigneur. Bien que timide, il lui soufflait chaque jour à l‘oreille “ Ma mie je vous aime follement ”. Voyant que ces deux êtres délicats et purs faits pour s’entendre seraient sa joie, la Dame accorda sans hésiter son consentement au mariage.
La guerre lui avait pris déjà son époux, et ses fils aînés. La vie et la joie revenaient au manoir de la veuve. Hélas le bonheur, cette chose si rare se mesure souvent au pouce, et la peine à l’aune. Il en fut ainsi de ce nouveau bonheur. Un matin un homme d’armes apporta un message du Seigneur de Rostrenen, dont Roger tenait son fief, de rallier au plus vite sa bannière pour partir à la croisade avec le Duc de Bretagne. Avec ce message la désolation était réapparue dans la noble demeure où la vie avait à peine commencé de s’écouler si heureuse.
Cependant personne n’ignorait au manoir que “ Noblesse oblige ”, aussi l’on fit vaillamment les préparatifs d’une telle expédition. Le jour du départ venu, le jeune Croisé embrassa bien fort mère et femme qui le lui rendirent à qui mieux mieux. Cela accompli, il enfourcha son cheval puis se retournant ensuite sur sa selle, en un geste gracieux le sourire aux lèvres leur envoya un baiser. Alors il éperonna sa monture laquelle partit au galop.
La scène changea alors. Le brave guerrier suivi de son écuyer ne craignit plus de laisser perler à sa paupière une larme d’amour tandis que les deux châtelaines en pleurs rentrèrent dans la grande salle ; elles y tombèrent à genoux priant Dieu, le meilleur des consolateurs.
Peu de mois s’écoulèrent, et la maman de Roger usée par les émotions multiples de sa vie s’endormit pour toujours entre les bras de sa belle- fille, qui pieusement lui ferma les yeux.
Françoise n’avait plus ni protecteur ni protectrice. Sa situation dans sa propre maison devint pitoyable. Certains serviteurs n’éprouvant aucune crainte d’une femme plus douce qu’une colombe et si incapable d’un reproche en prirent à leur aise. La méchante belle-sœur ayant appris que Françoise vivait, sa jalousie se réveilla et elle se fit l’instigatrice de plus mauvaises dispositions encore, à commencer par l’intendante du manoir.
L’épouse du Croisé fit mander un courrier pour annoncer à son mari et la mort de sa mère, et la naissance de jumeaux. Elle croyait cet homme fidèle, mais soudoyé par une bourse d’or accompagnées de libations copieuses et des promesses de la maléfique intendante, il falsifia le message : “ Il vous est né deux jumeaux ” devint “ Votre femme a mis au monde un chat et un chien ”.
La réponse du Chevalier fut donnée comme suit : “ Gardez les quand même, jusqu’à mon retour mettez la mère au four avec ses nourrissons ”.
L’intendante fausse et pateline, effrayée de se compromettre trop si le Maître revenait de la Croisade, conseilla à son épouse de se dérober à sa fureur en emportant ses héritiers cachés dans un bissac, l’un devant, l’autre derrière, et de se déguiser elle-même en pauvresse.
Ainsi chassée par ruse, Françoise-aux-mains-coupées franchit le pont-levis du plessis, que l’on releva aussitôt derrière elle. La malheureuse ne possédait plus que le trésor souvenir vivant de celui qu’elle croyait à jamais perdu. Après avoir marché à l’aventure elle passa près d’une fontaine. Elle avait très soif. Mais les mères savent souffrir pour la chair de leur chair, elle ne voulut pas boire à la fontaine, car se pencher eut été dangereux : un des petits pouvait glisser dans l’eau, et Françoise-aux mains-coupées ne pourrait le rattraper.
Quelle ne fut pas sa stupéfaction de voir à cet instant un oiseau de Paradis se percher sur un saule au-dessus de la fontaine. En une pose engageante il indiquait l’eau et chantait “ buvez donc, buvez donc ”. La bonne créature hésitait, pourtant le charmant petit chanteur reprenait inlassablement sa courte phrase musicale. Elle se baissa, et l’un des enfants tomba. Françoise instinctivement essaya de le saisir et parvint à le sortir de la fontaine d’une main qui dans son geste avait repoussé.
L’oiseau reprenant sa litanie invitative, la fugitive s’inclina à nouveau vers le bassin, et l’autre enfant éprouva le sort de son frère. La mère à nouveau s’efforça de repêcher l’enfant. Lorsqu’elle le sortit de la fontaine, elle avait deux mains. Emue de ravissement, elle remercia le Bon Dieu qui avait envoyé le petit oiseau bleu. Elle remercia aussi bien sûr celui-ci, qui après lui avoir donné quelques instructions s’envola pour retourner en Paradis. Elle se voyait maintenant sans crainte pour soigner ses petits enfants et capable de travailler pour les nourrir.
Pleine de courage la voyageuse reprit sa course sans omettre de suivre les instructions de l’oiseau de Paradis : “ munissez-vous d’une baguette de coudrier, et quand vous aurez trouvé un endroit à votre goût, frappez trois fois le sol avec cette baguette. ” Elle suivit un chemin qui s’offrait à travers les landes vers le sommet d’une montagne haute comme sont les plus hautes montagnes de Bretagne, le Menez Hom, le Roc Trevezel et le Méné Bré.
Mais ce Menez là n’avait pas de nom connu. Lorsqu’elle arriva à son sommet, il y avait un espace découvert planté d’herbes fines et de fleurs sauvages entre landes et forêt. Au levant s’ouvrait une dépression peu profonde avec des plantes des marais, il en sortait un ruisseau qui coulait vers la forêt. Le Bois commençait tout à côté et s’étendait vers le nord sur les sommets, mais toutefois après une trouée profonde : l’eau y cascadait entre des blocs énormes de granit arrondi, et parfois disparaissait. Elle finissait par se calmer en un étang d’argent tout en bas. Au couchant, on voyait mille villages et collines de la Basse Bretagne, et vers le sud, tout de suite se continuait la crête du menez avec ses landes et des menhirs épars. Le Blavet était par-là bas sans doute, au-delà des monts, et le cher manoir qu’elle avait quitté. L’endroit lui plut, il avait comme un air de printemps et de bonheur.
Revenir en haut Aller en bas
 
FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -III-
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -II-
» FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV-
» FRANCOISE AUX MAINS COUPEES (FIN)
» FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -I-
» VOS MAINS

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE :: SALON DE LECTURE :: Histoires-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser