ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE
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 FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -II-

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ILYAS
Bavard
ILYAS


Nombre de messages : 47
Localisation : Larache/Maroc
Date d'inscription : 12/05/2005

FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -II- Empty
MessageSujet: FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -II-   FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -II- Icon_minitimeMer 9 Nov - 9:08

Elle interpella avec bonté l’enfant, en lui disant : “ Ma petite, puisque tu es arrivée à les tromper, il n’y a que toi au monde capable de nous débarrasser de ces monstres. Voici le moyen : laisse choir au fond du puits ton récipient et va tout de suite chercher ton hôtesse. Elle accourra, montera sur la margelle et s’étirant comme lin sous les doigts de la fileuse crochera la seille (seau). Alors, ma mignonne, lui décollant les pieds de son point d’appui tu la feras dégringoler dans l’eau, à jamais tordue en spirale de même qu’un serpent. Alors inquiet de sa bonne pourvoyeuse, car pour beaucoup le ventre remplace le cœur, le mari arrivera. Même manœuvre, et tout sera accompli. ”
La fillette, pas bête, suivit le conseil, et noya de la sorte sorcière et ogre, qui jusqu’à cet instant avaient plus accoutumé de boire du sang que de l’eau de puits. Ayant perdu ces très chers parents adoptifs sans le moindre chagrin, le frère et la sœur héritèrent de leurs biens assez rondelets, et valant plus qu’eux. Pendant longtemps ils vécurent heureux aidés de serviteurs sur le domaine ainsi acquis.
Mais le garçon étant arrivé à l’âge de se marier prit femme, comme le sire de Framboisie, sans songer que deux femmes sous le même toit ne peuvent s’y accorder lorsque leurs titres à y commander sont égaux et leur beauté inégale. C’est alors comme les plateaux d’une balance dont un rien moins que rien détruit l’équilibre (cette loi immuable est prouvée depuis longtemps).
A peine installée en effet l’épouse demi-châtelaine éprouva une horrible jalousie à l’égard de cette ravissante belle sœur dénuée, elle, de la moindre méchanceté. Elle cherche aussitôt à l’éloigner.
Dans ce but, elle tua le cheval préféré de son Seigneur et maître et en accusa la pauvre Françoise, aussi bonne que pain blanc de farine moulue aux moulins du Blavet. René interrogea sa sœur. Pour toute réponse il obtint : “ Dieu seul et moi connaissons la coupable ”.
N’ayant pas réussi, l’infâme créature empoisonna le chien de tête de la petite meute de chasse. Identique calomnie de sa part, et semblable explication de Françoise.
N’y tenant plus la femme donna la mort à son premier né. Même accusation, même réponse énigmatique. C’en était trop pour le père. Furieux il voulut savoir coûte que coûte qui avait précipité son enfant dans la fontaine. Il entraîne la peu bavarde au milieu de la solitude de la Forêt.
Là, après avoir essayé par tous les moyens de lui délier davantage la langue, ivre de colère il devint brutal et coupa les deux mains de la jeune fille avec une bonne faucille.
La charmante créature ne laissa échapper ni plainte ni reproche, se contentant de demander à son bourreau de la placer sur un buisson pour que les bêtes errantes en l’achèvent pas. Il agréa la requête, et la jeta où elle désirait être mise, un petit hêtre tordu et feuillu au milieu d’épines. Mais dans l’opération R. s’enfonça une épine noire dans le pied, et tandis qu’il s’enfuyait en hâte, il entendit ces paroles de la victime : “ Tant que mes deux mains ne seront repoussées, tu garderas vivante à même ta chair ce souvenir de ta mauvaise action. ”
Laissée seule, la pauvre Françoise avait heureusement comme amie fidèle et consolatrice une jolie petite chienne qui ne la quittait jamais, Netra, ce qui veut dire “ rien ” en breton. Dès le départ du stupide mari, elle se mit à pleurer et sauter essayant d’atteindre sa maîtresse. Puis se rendant compte qu’elle ne pourrait la dégager elle résolut d’aller chercher du secours. Ayant couru, trimé beaucoup, le bon animal découvrit un riche château où un jeune homme très distingué, Roger de L. rentrait justement de la chasse, monté sur un superbe coursier et suivi de sa meute puis de ses valets.
Sans retard, Netra s’en approcha se mettant à tâcher de lui expliquer dans son langage ce qu’elle désirait. Par malheur le châtelain n’était pas encore assez expert en cette langue, expressive mais ne ressemblant à aucune autre, il ne comprit pas sa gentille interlocutrice. Il s’imagina qu’elle demandait de la nourriture. Comme en ce manoir sa mère et lui ne savaient refuser, le cavalier donna l’ordre de conduire la chienne à la cuisine afin de la bien soigner.
Dame Mariette y commandant, présenta à la visiteuse un bon morceau de viande cuite, puis voulut la caresser. Hé bien oui ! elle était déjà loin emportant triomphalement la généreuse aumône sans y goûter. Lorsque la chienne eut rejoint son infortunée maîtresse, se transformant en infirmière, elle déchira sur la mousse le fricot et sauta, sauta jusqu’à ce que son amie blessée put saisir quelques bribes dans sa bouche.
Nullement découragée de n’avoir tout obtenu la première fois, Nétra recommença le voyage qu’elle fit alors assez rapidement ayant appris sa géographie locale (Les chiens l’apprennent sans difficultés de leurs nez et pattes, qu’ils sont heureux !). Arrivée à la demeure seigneuriale elle trouva Roger dehors en compagnie de sa mère. Celle ci lui avait formé un cœur comme le sien. A la vue de Nétra, le Seigneur voulut chercher lui-même quelque chose pour la charmante quêteuse, prêt même à la suivre parce qu’intrigué par sa manière d’agir.
Cette fois, remarquablement intelligente, je vous le dis car j’ai connu son arrière petite fille, au lieu de s’enfuir avec le morceau telle une voleuse, la chienne allait et venait remuant sa courte queue devant le jeune homme afin d’indiquer une invitation à l’accompagner. Il la suivit.
Conduit par son petit guide, le châtelain s’avança à travers bois. Rendu à deux cents pieds du buisson il vit Nétra lâcher ce qu’elle portait et s’élancer sur le buisson de la malheureuse suppliciée, avec des cris de joie, signifiant : “ Courage me voilà, me voilà, avec de l’aide ! ” la jeune fille se redressa un peu sur sa couche de douleur. Ses grands yeux limpides comme le firmament s’illuminèrent d’un rayon d’espoir. Ses joues pâles encadrées de longs cheveux épars donnaient à son visage l’aspect d’une vierge martyre avec un air de résignation (fard, m’a-t-on dit, employé de nos jours par beaucoup de dames).
S’approchant, le Seigneur crut voir une apparition plus charmante et plus idéale que jamais son imagination rêveuse n’aurait pu concevoir. Très ému et respectueux le seigneur Roger s’écria : “ Noble Damoiselle, quel monstre inhumain a pu oser vous mutiler ainsi ! Nommez le moi, et je le mettrai à mort ! je ne lui offrirai pas comme à un chevalier un combat noble et loyal, mais je l’abattrai comme une vermine immonde et cruelle qu’il est ! ”. Tout en disant cela, il soulevait avec précautions délicates l’infirme pour la déposer sur la mousse au pied d’un hêtre. Il la pansa au moyen de fines bandes arrachées à son linge de gentil seigneur. Puis il la prit dans ses bras vigoureux il la porta aussi vite qu’il pouvait vers sa mère à la maison, sûr qu’elle serait accueillie avec sympathie puisqu’elle souffrait.
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