ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE
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 LE MESSAGE DU BLEU CIEL

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AuteurMessage
khalid
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khalid


Nombre de messages : 61
Localisation : Rabat/Maroc
Date d'inscription : 14/05/2005

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MessageSujet: LE MESSAGE DU BLEU CIEL   LE MESSAGE DU BLEU CIEL Icon_minitimeJeu 13 Oct - 14:13



Créé ente le 3 décembre 1978 et le 25 mars 1979, ce conte poétique a été publié en 1983 à deux reprises aux Éditions Naaman ( Contes et nouvelles de langue français, Écriture française dans le monde.) Cajetan Larochelle s'était alors retrouvé ex aequo parmi les sept lauréats d'un concours international réunissant onze pays francophones. Le président du jury : Yves Thériault, auteur d'Agaguk
« Quelle splendide matinée ! » s'exclame Croque-soleil.
Comme elle a raison d'être heureuse, elle qui peut explorer toute seule, en ce merveilleux samedi, la cour, ou la colline derrière la maison, ou encore la forêt enchantée.
Parvenue au sommet de la colline, qui lui semble alors une montagne, elle s'assoit sur la mousse moelleuse recouvrant la surface du rocher.
Une vaste étendue de forêt toute tricotée d'aiguilles de pins ravit ses yeux. Quelques lacs ressemblent à des larmes tombées des yeux d'un géant malheureux. De gigantesques silos les dominent, annonçant la présence de fermes bien organisées et toutes grouillantes de vie.
Mais sur cette colline, c'est le geai bleu qui, de tous les oiseaux, retient l'attention de la petite fille.
Comment, en effet, ne pas être émerveillée en compagnie d'un oiseau aussi bleu que le bleu du ciel ?
Un geai bleu si gai car, au contraire des autres fois où Croque-soleil a eu l'occasion de le voir voler d'un buisson à un autre, l'oiseau roule soudainement sur lui-même créant une étrange roue bleue...
Puis se tenant dans l'espace à force de battre des ailes, il se fixe dans l'air libre à la hauteur des épaules de Croque-Soleil qui tend la main droite. Le geai bleu ne tarde pas à s'y poser.
--Je suis, lui dit l'oiseau, le Messager du Bleu du Ciel.
Les yeux de Croque-soleil sont tout grands ouverts...
--Je suis venu à ta rencontre, poursuit de sa voix cristalline le merveilleux geai bleu, pour t'enseigner à contempler le bleu du ciel. C'est seulement ainsi que ton cœur devenu plus vaste pourra désormais connaître les feux d'artifice des planètes d'or...
Puis l'oiseau devient transparent comme du verre...
-- Je ferai désormais partie de ton être véritable. Et si tu connais aujourd'hui la métamorphose de l'oiseau, demain se produira celle du soleil.
--Qu'est-ce qu'un métamorphose ? demande Croque-soleil.
-- C'est un changement presque magique. Par exemple, un magicien qui transforme un mouchoir en colombe fait une métamorphose...
--Et toi, geai bleu, tu veux me changer en oiseau ? Mais je ne suis pas un mouchoir !
Comme s'il n'avait pas entendu cette protestation, l'oiseau de verre traverse la paume de la main droite de Croque-soleil pour parcourir son avant-bras jusqu'à la hauteur de son épaule droite, pour enfin rejoindre son omoplate de laquelle jaillit une aile de verre. Puis c'est au tour de l'omoplate gauche de vivre la naissance d'une aile de verre.
-- Désormais ta Joie sera bleue, souffle la voix cristalline, provenant de son cœur ailé.
C'est alors que Croque-soleil descend la colline pour marcher dans la forêt, ne craignant ni l'ours, ni le loup, ni le renard. Elle siffle sa Joie ailée aux branches des pins. Certaines se penchent alors sur son passage, tantôt pour l'écouter, parce qu'elles sont dures d'oreille, tantôt pour danser parce qu'elles ont le pied et les ...racines ... agiles...
C'est ainsi que le corps de Croque-soleil connaît pour la première fois ce que c'est que danser, rire et chanter... ou plutôt... siffler, tout simplement parce qu'on porte en son cœur une Joie nouvelle.
Lorsque, le lundi matin, Croque-soleil entre dans la classe pour suivre avec intérêt le cours de grammaire française, elle s'est étonnée et plutôt mal à l'aise de constater que les élèves voient ses ailes de verre.
-- Regarde ses ailes ! s'exclame l'un.
-- Un ange ! crie Croqueux-de-pommes, toujours aussi taquin.
-- Peut-être a-t-elle des cornes de verre, diable vert ! ironise le suivant...
À la fois stupéfiés et émerveillés, ses compagnons et ses compagnes l'entourent sans se rendre compte que l'institutrice, Madame Marteau-Pilon, a traversé le seuil de la porte, les écoutant depuis quelques secondes...
--Allons, dit-elle gravement, regagnez vos bancs. Tout de même ! Cette école n'est pas un zoo ...
La vieille institutrice, myope et rigide par habitude, s'est levée du mauvais pied ...
-- Heureusement qu'elle ne voit pas mes ailes ! pense Croque-soleil.
Elle se souvient alors que ni père ni mère ne se sont rendu compte de sa métamorphose.
-- Prenez vos crayons et vos papiers. Transcrivez cette phrase.
Madame Marteau-Pilon se dirige vers le tableau noir où elle écrit en lettres détachées :
Le printemps ouvre la fenêtre des champs et l'aile est la clef de la lourde cage du corps de l'oiseau
Les élèves se mettent à rire ...
-- Qu'est-ce qui se passe ? grommelle l'institutrice.
Elle semble si surexcitée que les dernières mouches de l'été cessent sur-le-champ de percer l'air.
-- Je vous ordonne de m'expliquer ce qui se passe ... sinon vous écoperez tous d'une heure de retenue ce soir...
Un élève, Croqueux-de-pommes, ose lever la main ...
C'est elle, dit-il, en dirigeant sa main droite vers Croque-soleil. Elle a des ailes...
-- Tu me prends pour une idiote ! Prends la porte, rétorque-t-elle instantanément.

Et tandis que Croqueux-de-pommes se prépare à quitter la classe, un autre élève timidement la main.
-- C'est vrai, dit-il d'un petite voix, elle a des ailes ...
-- C'est vrai, ajoute sa compagne de droite.
Puis une autre :
-- Oui, c'est vrai, elle a des ailes. Personne ne mérite d'être puni ...
-- Alors Croque-soleil a des ailes ! ! ! crie l'institutrice, les mains ouvertes à la hauteur de la tête, prêtes à lancer des éclairs en cette belle matinée d'automne. Ou bien vous êtes tous fous à lier, ou bien je ne suis pas de votre monde ! ! !
Sentant que le tonnerre ne va pas tarder à exploser, Croque-soleil lève la main tel un brave soldat qui ne peut dissimuler sa peur devant la linge de feu.
--- Je vais quitte la classe, dit-elle, à la place de Croqueux-de-pommes.
-- Pourquoi ? demande, sans tarder, l'institutrice.
Elle ferme son cahier, le dépose dans son sac, se lève, puis se dirige vers la porte.
-- Je veux bien vous dire la raison. Mais promettez-moi de ne pas vous emporter.
Gardant à peine son sang-froid, elle fait un signe approbateur de la tête.
-- C'est vrai que j'ai des ailes ! dit-elle simplement et franchement.
La tête de Madame Marteau-Pilon devient écarlate. Croque-soleil quitte la classe.
Comme elle se sent seule tout en marchant dans la forêt en direction de la maison ! Elle s'arrête donc près de la clôture qui entoure le domaine de Monsieur Gadbois. Croque-soleil a bien sûr l'intention de s'entretenir avec la vieille chèvre Amandine. Peut-être peut-elle la soulager de cette mésaventure ou, mieux encore, la conseiller.
Amandine a écouté Croque-soleil lui relater l'incident avec une franche affection digne de toute bonne chèvre qui se respecte ; mais elles n'ont pas pu trouver ensemble une solution à cette très délicate situation.
Déçue, Croque-soleil courbe les épaules et continue sa route à travers la forêt. Quant aux pins, ils se laissent caresser la tête par la chaleur soudaine de l'été des Indiens. Une truite arc-en-ciel sautille entre les gouttelettes diamantines des minuscules vagues d'un joli ruisseau. Croque-soleil en profite, comme d'habitude, pour faire la cueillette de bouteilles et de canettes laissées par des visiteurs irrespectueux.
C'est alors qu'elle attend une voix de femme, jeune, et d'un douceur captivante ...
--Petit oiseau de verre ... Petit oiseau de verre ...
Davantage charmée qu'étonnée, elle tourne la tête dans tous les sens ; mais elle oublie de lever les yeux vers le sommet de la colline enchantée derrière la maison familiale.
-- Jeune oiseau de verre ... Jeune oiseau de verre ...
Elle décide d'escalader la colline où le geai bleu s'est métamorphosé
en ailes de verre ; mais elle ne parvient pas à voir le visage de celle qui l'interpelle.
--Jeune oiseau de verre ... Jeune oiseau de verre ...
C'est que des fils verts apparaissent alors, comme provenant des pins et se dirigeant vers le sommet de la colline enchantée, risquant de rendre l'escalade difficile, sinon dangereuse. Croque-soleil a l'impression d'être un malheureux insecte prisonnier d'une toile d'araignée. Soudain un rayonnant et sain visage ravit son cœur.
C'est une grande jeune dame aux vastes yeux bleus ornés de longs cils, dont la transparence semble diriger des faisceaux de lumière à peine visibles. Les courbes de ses joues roses enjolivent la blanche chair de son visage où un sourire radieux, accueillant, ensoleille les vagues de ses cheveux d'or ondulés qui coulent vers ses gracieuses épaules.
Cessant de tricoter à l'aide d'aiguilles de pin le vert manteau de Dame Nature du Nord, elle met sur sa tête, avec délicatesse, le capuchon de sa magnifique robe verte de velours, si longue qu'elle recouvre ses pieds.
-- Je suis la verte Fée Nordique, dit-elle. C'est moi qui assure la survivance de nos forêts.
Les Maîtres de mon Royaume m'ont aussi demandé de te rencontrer aujourd'hui, comme j'ai rencontré avant toi d'autres petits enfants et comme j'en rencontrerai d'autres après toi. Car je dois guider tous ceux qui ont vécu la métamorphose du geai bleu en ailes de verre.
Comblée de Joie, de cette Joie nouvelle, ailée, Croque-soleil l'écoute plus qu'attentivement.
-- Voilà ce que, précisément, j'ai à te communiquer aujourd'hui. Je sais que tu as dû quitter la classe à cause de tes ailes de verre. Peut-être te demandes-tu pourquoi les grandes personnes comme ton institutrice ou tes parents ne les voient pas ? C'est que seuls les enfants et les poètes le peuvent à cause d'un ton, d'une sorte de sixième sens. C'est comme ça, comme deux et deux font quatre, comme l'herbe est verte et le ciel bleu ... Il te faut donc apprendre à vivre à la largeur, non plus de tes épaules, mais bien plutôt avec tes ailes ... Et de même que tes ailes sont pour toi une source de Joie, de même elles seront inévitablement une source de Douleur ... Et si jamais les autres te causaient des ennuis, comme l'autre jour en classe, agis selon la Paix qui est la source même de toute Joie ! Sois donc rusée comme le renard, dans et au nom de la Paix. Voilà la seule sagesse de celui qui a connu la métamorphose du geai bleu en ailes de verre. Ainsi tu vivras conformément au message d'Amour qu'apporte aux hommes le geai bleu.
Croque-soleil sent une étrange et mystérieuse sérénité lui gagner le cœur ... comme si elle avait oublié, par enchantement, l'incident de la classe de grammaire française. La Verte Fée Nordique baisse les yeux et continue à tricoter le vert manteau de Dame Nature du Nord ...
-- Nous sommes pareils à l'araignée qui, lentement et sûrement, pacifiquement et amoureusement, tisse sa toile au nom de l'Avenir ... Maintenant, je dois te quitter, petit oiseau de verre ...Entre à la maison ... Déjà, tes parents s'inquiètent ...
Croque-soleil hésite avant d'entrer à la maison. « Comment père et mère vont-ils réagir à mon histoire d'ailes de verre ? » se demande-t-elle, elle qui a rarement connu de sévères réprimandes.
Le cœur en peu oppressé, elle tourne en rond en compagnie des poules et du coq Rico qui mangent des miettes de pain. Et comme cette aventure lui a creusé l'appétit, elle décide d'affronter ses parents.
Un curieux mélange d'odeurs de soupe aux légumes et de bran de scie --- son père travaille dans un atelier d'ébénisterie --- invite pourtant Croque-soleil à s'asseoir à la table dressée avec soin.
Comme d'habitude, son père est assis à sa droite, sa mère à sa gauche. Comme d'habitude, ils lui disent bonjour. Comme d'habitude, la soupe de Croque-soleil l'attend sur la table, exhalant une odeur bien appétissante.
-- Après le dîner, tu pourras encore retourner à l'école sans ton chandail de laine. Dehors, il fait si chaud ...


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