LA MOUCHE

Que de grâce, de légèreté et quelle beauté.
Comme dans sa peau j'aurais aimé être née !
Zouzou contemplait un jeune papillon,
Cachée dans les feuillages comme un espion.

Cette mouche, qui depuis avait tant d'attirance,
Pour les sales choses, excréments en l'occurrence,
Se mettait à rêver devant cet apollon des airs
Qui lui avait mis, depuis peu, la tête à l'envers.

A défaut de lui plaire, à défaut d'être comme lui,
Je vais de ce pas essayer de m'en faire un ami,
Car en amitié, les gens se moquent vraiment bien
De l'allure de ceux qui sollicitent un tel lien.

Mais un physique agréable s'accompagne souvent
D'une haute estime de soi, d'un orgueil trop grand.
Sans détour, le papillon outragé lui fit comprendre
Qu'à cette union amicale, il préférait se pendre.

Finalement, il accepta sa présence à ses côtés
Dans la roseraie, que de coutume il fréquentait.
Accompagné de cet insecte sans finesse, tout velu,
Il pensait que sa beauté serait encore mieux reconnue.

Regarde, mouche, l'harmonie de toutes ces couleurs,
Soyeuses au toucher, ces roses sont comme mes sœurs.
Mais il faut savoir les effleurer avec précaution
Car de nous leurs épines peuvent avoir raison.

Zouzou exaspérée par tant de vanité,
S'aperçut qu'elle pouvait y mettre fin
En le poussant sur une épine bien aiguisée,
Afin qu'il expirât, heureux, parmi les siens.

Elle s'exécuta, et récupéra de ce pauvre diable,
Ses grandes ailes qui la rendraient désirable.
Quant au Don Juan, sa fin ne fut point douce :
Indigeste, une pie le recracha sur la mousse.

La mouche travestie ne fut pas pour autant épargnée,
Elle finit, pour ces ailes, dans une collection, épinglée.
Enfin, elle connut le succès grâce à son apparence !
Mais à titre posthume... sans en avoir la jouissance.

Alors que le papillon, décomposé, en poussière,
N'a connu qu'une courte gloire, trop éphémère
Mais il n'aurait jamais été ainsi exposé
Tant il manquait, à lui seul, d'originalité.

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