ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

 

 FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV-

Aller en bas 
AuteurMessage
ILYAS
Bavard
ILYAS


Nombre de messages : 47
Localisation : Larache/Maroc
Date d'inscription : 12/05/2005

FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV- Empty
MessageSujet: FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV-   FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV- Icon_minitimeMer 9 Nov - 9:12

Elle frappa donc trois fois de la baguette de coudrier. Aussitôt sortit de terre par enchantement un magnifique manoir plus beau que celui du Duc en la Forêt. Un fossé et un petit mur rempart l’entouraient en carré, comme la merveille de Kerjean en Léon, avec des écuries des granges et des étables adossées au mur comme à Loguevel. Ces dépendances regorgeaient d’animaux paisibles, le jardin résonnait d’une musique charmante d’oiseaux inconnus, et les portes du château, car c’était plus qu’un manoir, ou alors un manoir comme on n’en fait plus ni en Léon, ni en Poher, ni en Tregor, au-delà de Bulat. Ni non plus en Basse Cornouailles .Au Pays du blé blanc, Vannes, je n’y suis jamais allé, mais il n’y en a pas non plus si leurs architectes n’y travaillent pas pour les fées.
La porte était ouverte devant elle. Des bahuts et des coffres renfermaient linge, draps de lin, vêtements simples et somptueux ; rien ne manquait, et tels ils étaient que Duchesse ou Reine n’en avait à sa disposition. Quant au service, point de serviteurs. Au-dedans et au dehors, tout se faisait à la baguette, et depuis l’expression en est restée ; mais personne n’a plus aujourd’hui à son service comme alors, la baguette des fées.
Elle prit possession de ce vrai palais, digne de sa beauté, mais plus encore de sa délicatesse et de son cœur d’or, Françoise la vraie princesse. Dans la salle à manger se trouvait servi un coquet repas sur une table garnie de vaisselle précieuse, des fleurs inconnues jetées avec goût à même la nappe de guipure y formaient une délicieuse harmonie de tons vifs, comme vous autres peintres de Pont Aven vous essayez d’en imaginer.
Françoise déposa ses enfants dans un berceau en forme de nid, garni de lingeries et de dentelles plus riches que n’en eut après la Duchesse Anne. Qu’elle était exquise la nouvelle châtelaine occupée à son rôle de petite maman, attentive à changer ses bébés le sourire aux lèvres, pour la première fois de ses mains à elle. Son âme remplie de joie, jamais encore sa splendeur n’avait atteint un tel éclat. Presque toutes les mères, ma parole, doivent avoir le don de se transfigurer à chaque maternité, afin que les enfants dès les premiers regards fixés sur elles puissent en imprimer au plus profond de leur être l’image incomparable à nulle autre.
Les toilettes terminées vint le tour de donner la bouillie d’avoine au lait doux et les biscottes que les marmots avalèrent goulus, mieux qu’un jeune coucou vermisseau en nid de fauvette. Cela accompli, comme des indices de sommeil apparaissaient, Françoise ferma au-dessus du berceau des rideaux qui n’étaient que les deux ailes d’un oiseau dont la tête et le jabot tenaient lieu de crosse.
Ses soins maternels accomplis elle songea un peu à elle-même, car les femmes restent toutes coquettes sans qu’importe l’âge ou la situation. Trois coups de la baguette, et ses cheveux furent coiffés d’une nouvelle façon, des vêtements luxueux se substituèrent à ses nippes, des bijoux discrets lui firent parure, et son alliance attachée d’un fil à son cou passa à son doigt ( mes nièces, j’imagine que vous désireriez une description complète du costume de notre héroïne, si je m’abstiens de l’entreprendre c’est uniquement afin de vous laisser le plaisir de la concevoir à votre goût).
Françoise s’assit alors sur le coussin d’un grand fauteuil aux armes des seigneurs de L. et absorba rapidement son dîner. Elle aimait beaucoup les animaux (doux), elle en découvrit de peints ou sculptés, gravés, brodés de toutes les façons et tels que peintres et artistes eussent désiré en faire de pareils, animant avec abondance la décoration de la salle. Les Oiseaux et les chiens dominaient ; l’un de ces derniers tout particulièrement attira son attention : on eut dit le portrait de sa fidèle Netra, que la méchante intendante avait fait tuer. Elle toucha de son morceau de coudrier la tapisserie, et sa chienne chérie se trouva sur ses genoux, lui léchant les mains, et même les mordillant un peu pour être bien sûre de ne se tromper. L’anneau semblait le troubler, une caresse changea le cours de ses idées enclines à la jalousie.

Comme venait le temps de dormir, une trappe s’ouvrit au plafond laissant passage au berceau et au fauteuil soulevés par une force invisible et à leurs occupants ainsi transporté dans une chambre à l’étage supérieur. Là rien ne manquait, tout était luxe, silence et paix. Une douce lumière blanche semblable à la clarté du jour éclairait sans chandelles. Une crédence supportait des flacons de parfum en cristal et des aiguières d’argent remplies d’eau chaude ou froide. Sur une autre tablette moins haute s’étalaient de multiples objets, dont certains même étaient alors inconnus, qu’une femme emploie à se parer. Auprès, des escabeaux portant des bassins de riche métal et de dimensions variées complétaient cet ensemble luxueux et confortable que l’on pouvait masquer par des rideaux.
Un lit de milieu entouré de tapis précieux en fourrure invitait eu repos
avec à côté une corbeille destinée à la petite chienne. Toutes ces choses et mille autres, trop longues à inventorier même pour un notaire, ne déplaisaient pas certes à Françoise aux jolies mains vivantes, mais quelque chose la charmait, l’enchantait à un suprême degré, c’était un grand portrait de son mari. Ce portrait était vivant, oui, j’ose dire vivant, attendu que du matin au soir on voyait sur la toile le Croisé en action ou au repos. Au premier moment, la châtelaine du Palais du Menez-aux-Fées, car on pouvait en vérité l’appeler ainsi, avait voulut faire comme pour la tapisserie aux chiens, toucher le portrait de sa baguette. Hélas ! Roger disparut. Et pendant un long moment elle ne vit rien. Il réapparut par la suite, mais elle n’osa recommencer l’essai de la baguette par peur d’une punition plus sévère.
Dès lors elle pouvait voir sur ce tableau Roger le Croisé en action, et ses faits et gestes étaient tous nobles, rien n’était susceptible de faire de peine à l’épouse. Parfois elle tremblait de le voir s’élancer contre les Sarrasins, mais elle était fière de son courage.
Pendant que la vie s’écoulait ainsi à Menez-aux Fées, calme et douce au chant des oiseaux des volières et des bois, Roger avait pris part à moult combats et la Croisade terminée cheminait vers sa demeure. Enfin il aperçoit la tour haute sa monture pénètre dans la cour après une ultime cavalcade qui la met en sueur et même le flanc en sang. Du cheval à bout de souffle saute à terre le Croisé, et en coup de vent entre le maître au logis. La voix brève et autoritaire interroge l’intendante :
“ Où est ma douce Dame, vite vite répondez, qu’il me tarde de l’embrasser ! ”
A cette apparition la mégère pâlit et murmure tremblante :
- “ Noble Chevalier je n’ai as voulu exécuter la sentence de la jeter au four avec ses jumeaux, par charité je l’ai déguisée pour lui permettre de fuir. ”
- “ Misérable, que veut dire ceci ? mais d’abord de quel côté Françoise s’en est-elle allée ? ”
- “ Je l’ignore, mon bon Maître… ”
Revenir en haut Aller en bas
 
FRANCOISE AUX MAINS COUPEES -IV-
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
ESPERANCE,L'AUTRE VISAGE DE LARACHE :: SALON DE LECTURE :: Histoires-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser