Inali Rang: Administrateur
Nombre de messages : 657 Age : 54 Localisation : Rabat / Maroc Date d'inscription : 29/04/2005
| Sujet: LA FEMME MAROCAINE (Suite 02) Mar 13 Sep - 12:47 | |
| La femme marocaine : enfin adulte et égale de l'homme ! Carole Vann 30.01.04 Jusqu'à présent, elle avait besoin de l'autorisation de son père ou frère pour se marier. Si elle divorçait, elle perdait tout, enfants compris. La Chambre des députés vient d'adopter la réforme du code de la famille imposée par le roi. Les islamistes sont mécontents... La femme marocaine est enfin adulte et l'égale de l'homme devant la loi ! Fini la polygamie et la répudiation arbitraire ! Désormais, elle pourra se marier librement, sans l’accord d’un tuteur (père, frère, oncle), elle pourra demander le divorce et garder ses enfants. Surtout, elle est à présent considérée responsable de la famille au même titre que son mari. Le projet de réforme du Code de la famille (moudawana) vient d'être adopté vendredi à l'unanimité par le parlement. C’est une véritable révolution dans le pays et dans le monde arabe où, selon les lois islamiques, la femme n'est pas reconnue comme une personne autonome et majeure. Elle doit obéissance à son mari en contre partie d’être entretenue. Le mari, en revanche, peut la répudier à tout moment. Elle perd alors le domicile conjugal et la garde des enfants. Le seul autre pays arabo-musulman à avoir libéré la femme de ces contraintes est la Tunisie sous Bourguiba en 1956.
Même si dans la pratique, le Maroc est bien en avance sur beaucoup de pays arabes (la polygamie a pratiquement disparu, 1% des hommes y ont recours), la situation des femmes restait très fragilisée par une législation qui les maintenait assujetties. Pour les féministes, la nouvelle moudawana est la consécration d'une lutte acharnée qui dure depuis vingt ans. "Ce qui constitue pour moi une remarquable avancée, c’est la possibilité d’en discuter au sein du parlement. On humanise définitivement le code qui devient une loi comme une autre", écrit dans une revue féministe Leila Rhiwi, coordinatrice du réseau Printemps de l’Egalité, le collectif d’organisations féministes qui se sont battues pour le nouveau statut. En d’autres mots, la réforme ramène cette question au rang juridique et non plus religieux avec des textes qui restaient immuables et intouchables.
Aussi bien en Tunisie qu’au Maroc, la réforme du code de la famille a été imposée par leurs leaders respectifs, mais dans des contextes radicalement opposés. En 1956, Bourguiba avait révolutionné le statut de la femme dans un vent de modernisme et de laïcité qui balayait du coup toute prérogative religieuse. Tandis qu’au Maroc, c’est le "Commandeur des Croyants", Mohamed VI, qui décrète la nouvelle moudawana. La nuance est capitale car l’esprit de l’islam est entièrement respecté, coupant ainsi court à toute protestation de la part des religieux. Chacun des changements apporté a d’ailleurs été scrupuleusement cautionné par des versets du Coran : une sorte d’exégèse adaptée à l’époque. Dans cet esprit, un point reste intouché : les filles continueront à hériter la moitié des garçons, ainsi qu'il est stipulé noir sur blanc dans le Coran.
Mécontents, les islamistes n’ont cependant pas de prise, et c’est bien là le tour de force du roi. Car dans la monarchie marocaine, aucun parti politique n’ose voter contre la décision du "Commandeur des Croyants". Le PJD (Parti de la justice et du développement), islamiste, a bien essayé de ramener l’âge de mariage de la fille à 15 ans et de revenir sur la question du tuteur. En vain. D’autant que les attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et du 16 mai 2003 à Casablanca a renversé le rapport de force entre religieux ( qui sont dans le creux de la vague) et modernistes. C’est ce moment qu’a choisi le roi pour faire passer une réforme qu’il avait en tête dès son intronisation en 1999.
"Mais le plus dur reste à faire, écrit Leila Rhiwi. Il faut veiller maintenant à appliquer la loi, installer des tribunaux de la famille, former des magistrats." Il faudra aussi amener les mentalités à changer, une tâche difficile dans une société patriarcale qui compte 50% d'analphabètes.
Ce que change la nouvelle moudawana
Maintenant : 1- Les conjoints sont co-responsables de la famille. La clause stipulant " l'obéissance de l'épouse à son mari " est annulée. 2- La femme peut demander le divorce et avoir la garde des enfants. Le mari doit lui garantir un habitat décent et une pension. 3- La répudiation doit avoir l'aval du juge. 4- La femme n'a plus besoin de la signature d'un tuteur (père ou frère) pour se marier. 5- L'âge de mariage est fixé à 18 ans pour l'homme et la femme. 6- Pour prendre une deuxième épouse, le mari doit avoir l'autorisation d'un juge. Lors du contrat de mariage, la femme peut demander une clause interdisant au mari de prendre une deuxième femme. 7- Les mariages civils (donc à l'étranger) sont reconnus s'ils sont faits en présence de deux témoins musulmans. 8- Le père d'un enfant né hors mariage a l'obligation de le reconnaître. 9- Au moment du mariage, les époux peuvent établir un contrat stipulant le partage des biens acquis.
Avant : 1- Seul le père était responsable et avait automatiquement la garde des enfants en cas de divorce. 2- Elle ne pouvait demander le divorce que sur preuves avec témoins de " préjudices subis " et perdait la garde des enfants. 3- La décision revenait au seul mari. 4- Elle ne pouvait se marier sans tuteur car elle était considérée mineure du point de vue juridique. 5- Il était de 15 ans pour la femme et 18 pour l'homme. 6- La polygamie était soumise à l'arbitraire du mari. 7- Ils n'étaient pas reconnus, le Maroc ne reconnaissant que les mariages religieux. 8- L'enfant n'était pas reconnu. 9- La famille de la mariée recevait une dot, et tous les biens acquis durant le mariage revenaient au mari. | |
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