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| | Stéphane Mallarmé. | |
| | Auteur | Message |
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ZOUHAIR Invité
| Sujet: Stéphane Mallarmé. Mar 30 Aoû - 14:27 | |
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Salut. Rien, cette écume, vierge vers À ne désigner que la coupe; Telle loin se noie une troupe De sirènes mainte à l'envers.
Nous naviguons, ô mes divers Amis, moi déjà sur la poupe Vous l'avant fastueux qui coupe Le flot de foudres et d'hivers;
Une ivresse belle m'engage Sans craindre même son tangage De porter debout ce salut
Solitude, récif, étoile À n'importe ce qui valut Le blanc souci de notre toile.
Stéphane Mallarmé.
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| | | ZOUHAIR Invité
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Mer 31 Aoû - 18:01 | |
| Angoisse. Je ne viens pas ce soir vaincre ton corps, ô bête En qui vont les péchés d'un peuple, ni creuser Dans tes cheveux impurs une triste tempête Sous l'incurable ennui que verse mon baiser: Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes Planant sous les rideaux inconnus du remords, Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges, Toi qui sur le néant en sais plus que les morts: Car le Vice, rongeant ma native noblesse, M'a comme toi marqué de sa stérilité, Mais tandis que ton sein de pierre est habité Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse, Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, Ayant peur de mourir lorsque je couche seul. |
| | | ZOUHAIR Invité
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Mer 31 Aoû - 18:02 | |
| Las de l'amer repos... Las de l'amer repos où ma paresse offense Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance Adorable des bois de roses sous l'azur Naturel, et plus las sept fois du pacte dur De creuser par veillée une fosse nouvelle Dans le terrain avare et froid de ma cervelle, Fossoyeur sans pitié pour la stérilité, - Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité Par les roses, quand, peur de ses roses livides, Le vaste cimetière unira les trous vides? - Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays Cruel, et, souriant aux reproches vieillis Que me font mes amis, le passé, le génie, Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie, Imiter le Chinois au coeur limpide et fin De qui l'extase pure est de peindre la fin Sur ses tasses de neige à la lune ravie D'une bizarre fleur qui parfume sa vie Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant, Au filigrane bleu de l'âme se greffant. Et, la mort telle avec le seul rêve du sage, Serein, je vais choisir un jeune paysage Que je peindrais encor sur les tasses, distrait. Une ligne d'azur mince et pâle serait Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue, Un clair croissant perdu par une blanche nue Trempe sa corne calme en la glace des eaux, Non loin de trois grand cils d'émeraude, roseaux. |
| | | ZOUHAIR Invité
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Mer 31 Aoû - 18:12 | |
| Le sonneur. Cependant que la cloche éveille sa voix claire À l'air pur et limpide et profond du matin Et passe sur l'enfant qui jette pour lui plaire Un angélus parmi la lavande et le thym, Le sonneur effleuré par l'oiseau qu'il éclaire, Chevauchant tristement en geignant du latin Sur la pierre qui tend la corde séculaire, N'entend descendre à lui qu'un tintement lointain. Je suis cet homme. Hélas! de la nuit désireuse, J'ai beau tirer le câble à sonner l'Idéal, De froids péchés s'ébat un plumage féal, Et la voix ne me vient que par bribes et creuse! Mais, un jour, fatigué d'avoir en vain tiré, O Satan, j'ôterai la pierre et me pendrai. |
| | | Solène Invité
| Sujet: Re: Stéphane Mallarmé. Jeu 8 Sep - 16:50 | |
| SOUPIR.
Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur, Un automne jonché de taches de rousseur, Et vers le ciel errant de ton oeil angélique Monte, comme dans un jardin mélancolique, Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur! - Vers l'Azur attendri d'Octobre pâle et pur Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie Et laisse, sur l'eau morte où la fauve agonie Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon, Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.
LES FENETRES.
Las du triste hôpital, et de l'encens fétide Qui monte en la blancheur banale des rideaux Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide, Le moribond sournois y redresse un vieux dos,
Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture Que pour voir du soleil sur les pierres, coller Les poils blancs et les os de la maigre figure Aux fenêtres qu'un beau rayon clair veut hâler.
Et la bouche, fiévreuse et d'azur bleu vorace, Telle, jeune, elle alla respirer son trésor, Une peau virginale et de jadis! encrasse D'un long baiser amer les tièdes carreaux d'or.
Ivre, il vit, oubliant l'horreur des saintes huiles, Les tisanes, l'horloge et le lit infligé, La toux; et quand le soir saigne parmi les tuiles, Son oeil, à l'horizon de lumière gorgé,
Voit des galères d'or, belles comme des cygnes, Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir En berçant l'éclair fauve et riche de leurs lignes Dans un grand nonchaloir chargé de souvenirs!
Ainsi, pris du dégoût de l'homme à l'âme dure Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits Mangent, et qui s'entête à chercher cette ordure Pour l'offrir à la femme allaitant ses petits,
Je fuis et je m'accroche à toutes les croisées D'ou l'on tourne l'épaule à la vie et, béni, Dans leur verre, lavé d'éternelles rosées, Que dore le matin chaste de l'Infini
Je me mire et me vois ange! et je meurs, et j'aime - Que la vitre soit l'art, soit la mysticité - À renaître, portant mon rêve en diadème, Au ciel antérieur où fleurit la Beauté!
Mais hélas! Ici-bas est maître: sa hantise Vient m'écoeurer parfois jusqu'en cet abri sûr, Et le vomissement impur de la Bêtise Me force à me boucher le nez devant l'azur.
Est-il moyen, ô Moi qui connais l'amertume, D'enfoncer le cristal par le monstre insulté Et de m'enfuir, avec mes deux ailes sans plume - Au risque de tomber pendant l'éternité?
LES FLEURS.
Des avalanches d'or du vieil azur, au jour Premier et de la neige éternelle des astres Jadis tu détachas les grand calices pour La terre jeune encore et vierge de désastres,
Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin, Et ce divin laurier des âmes exilées Vermeil comme le pur orteil du séraphin Que rougit la pudeur des aurores foulées,
L'hyacinthe, le myrte à l'adorable éclair Et, pareille à la chair de la femme, la rose Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair, Celle qu'un sang farouche et radieux arrose!
Et tu fis la blancheur sanglotante des lys Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure À travers l'encens bleu des horizons pâlis Monte rêveusement vers la lune qui pleure!
Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs, Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes! Et finisse l'écho par les célestes soirs, Extase des regards, scintillements des nimbes!
O Mère qui créas en ton sein juste et fort, Calice balançant la future fiole, De grandes fleurs avec la balsamique Mort Pour le poëte las que la vie étiole.
RENOUVEAU.
Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon être à qui le sang morne préside L'impuissance s'étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau Et triste, j'erre après un rêve vague et beau, Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las, Et creusant de ma face une fosse à mon rêve, Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J'attends, en m'abîmant que mon ennui s'élève... - Cependant l'Azur rit sur la haie et l'éveil De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
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| | | | Stéphane Mallarmé. | |
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