Conte d'une "Safarienne" au long cours

Invité

Conte d'une "Safarienne" au long cours

- Conte d'une "Safarienne" au long cours
- Mamie, raconte-nous une histoire vécue, une des belles aventures de ta vie.
- Eh bien, les enfants, voici... Je vais vous raconter une histoire de ténacité et de courage.

Il était une fois, dans la Belle Province, une dame de bon tempérament, pleine de potentiel et de dynamisme. Un jour vint le temps pour elle de quitter son milieu de travail, après y avoir investi une partie importante de sa vie. "Je jouis maintenant d'une grande disponibilité" se disait-elle. "À quoi peut servir à présent l'énergie et l'enthousiasme qui me caractérisent ?" Comme elle avait toujours été active et avait un côté sportif, tout en préférant la marche à toutes les autres activités, elle fit beaucoup de randonnées : des longues, des difficiles, des épuisantes, les routes de Charlevoix et le chemin de Compostelle ; jusqu'au jour où elle se sentit prête à relever un plus grand défi. Elle vint à s'imaginer parcourant les routes du Canada.

Elle décida, tout d'abord, de partir étudier la langue anglaise à Vancouver pendant six mois, puis de revenir des Rocheuses jusqu'au Québec à pied. Ce projet de retour demanda une préparation judicieuse et réfléchie. Elle eut l'idée de jumeler son projet à une récolte de dons pour les femmes qui vivent des crises sérieuses. Elle fit appel à un organisme voué à cette objectif : la YWCA. Plusieurs partenaires acceptèrent de la supporter. Une caravane tout équipée lui fut prêtée par l'entreprise Safari Condo. Des journalistes l'accompagnèrent tout au long de son périple. Enfin, des amies tout dévouées à la noble cause qu'elle supportait, décidèrent de mettre elles aussi de l'énergie afin que se réalise ce beau projet.

Ces cinq valeureuses amies offrirent de conduire la caravane prêtée, de faire durant le voyage les achats, les repas, la cuisine, les communications avec les médias et la Y de Québec et l'entretien du véhicule de camping. Certaines accompagnatrices donnèrent même des massages de réflexologie à la marcheuse, avec des huiles essentielles, pour protéger ses pieds des rigueurs du chemin asphalté ou caillouteux. À tour de rôle, ces Safariennes prirent la charge du motorisé et de la marcheuse. Mamie Lyson fut une de ces conductrices-accompagnatrices. Ce fut, pour elle, une expérience unique et enrichissante, pleine d'imprévues et de découvertes, de vécu avec la nature, les oiseaux et certains animaux aperçus au loin.

La dame marchait toujours, beau temps, mauvais temps en fredonnant une belle mélodie d'autrefois composée par Charles Aznavour. "Des lacs, des plaines, des montagnes et des bois, mes souvenirs m'entraînent, etc." Dans sa tête, lui revenaient, par bribes, les mots de la chanson Retour interprétée par Jacques Normand. Cela lui donnait du "coeur au ventre" et lui permettait d'oublier la température parfois inclémente parfois accablante et les gros camions qui, même sur les routes secondaires, passaient rapido.

Mamie Lyson avait surnommée la caravane prêtée par Safari Condo "Bécassine" du nom de l'héroïne de bandes dessinées des années 50 : Bonne Bretonne, les pieds bien sur terre, qui travaillait très fort mais ne se laissait intimider par personne, comme le motorisé qui, les quatre roues bien sur la route, par tous les temps, faisait son boulot de Safari et ne s'est laissé intimider ni par les mauvaises routes, ni par les bolides parfois énormes qu'il côtoyait.

La belle dame fit donc son trajet de retour au Québec en marchant sur les routes secondaires, sur la Transcanadienne, sur les quatre voies et les deux voies et sur les petites routes de campagne. Des ampoules aux pieds, des petits orteils à soigner et à envelopper, elle se rendit des Rocheuses aux Plaines et des Plaines aux milliers de lacs magnifiques de l'Ontario.

Je l'ai quittée aux environs du lac Supérieur. Elle a ensuite rejoint la Belle Province avec l'enthousiasme qui la caractérisait à son départ. Je vous conterai cette dernière partie de l'histoire, un autre jour, si vous êtes bien sages et si Mamie Lyson n'est pas trop fatiguée. Et maintenant, dodo. Bonsoir, bonne nuit, beaux rêves, pas de puces, pas de punaises.

Conte imaginé et écrit par la Safarienne-conductrice Lyse Lemieux.