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| | LIVRE -VIII- | |
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Auteur | Message |
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marwane Langue pendue
Nombre de messages : 83 Localisation : Agadir / Maroc Date d'inscription : 06/06/2005
| Sujet: Re: LIVRE -VIII- Ven 11 Nov - 12:53 | |
| DÉMOCRITE ET LES ABDÉRITAINS.
Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire ! Qu'il me semble profane, injuste, et téméraire, Mettant de faux milieux entre la chose et lui, Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui ! Le maître d'Épicure en fit l'apprentissage. Son pays le crut fou : petits esprits ! Mais quoi ? Aucun n'est prophète chez soi. Ces gens étaient les fous, Démocrite, le sage. L'erreur alla si loin qu'Abdère députa Vers Hippocrate et l'invita, Par lettres et par ambassade, A venir rétablir la raison du malade : " Notre concitoyen, disaient-ils en pleurant, Perd l'esprit : la lecture a gâté Démocrite ; Nous l'estimerions plus s'il était ignorant. Aucun nombre, dit-il, les mondes ne limite : Peut-être même ils sont remplis De Démocrites infinis. " Non content de ce songe, il y joint les atomes, Enfants d'un cerveau creux, invisibles fantômes ; Et, mesurant les cieux sans bouger d'ici-bas, Il connaît l'univers, et ne se connaît pas. Un temps fut qu'il savait accorder les débats : Maintenant il parle à lui-même. Venez, divin mortel ; sa folie est extrême. " Hippocrate n'eut pas trop de foi pour ces gens ; Cependant il partit. Et voyez, je vous prie, Quelles rencontres dans la vie Le sort cause ! Hippocrate arriva dans le temps Que celui qu'on disait n'avoir raison ni sens Cherchait dans l'homme et dans la bête Quel siège a la raison, soit le cœur, soit la tête. Sous un ombrage épais, assis près d'un ruisseau, Les labyrinthes d'un cerveau L'occupaient Il avait à ses pieds maint volume, Et ne vit presque pas son ami s'avancer, Attaché selon sa coutume. Leur compliment fut court, ainsi qu'on peut penser : Le sage est ménager du temps et des paroles. Ayant donc mis à part les entretiens frivoles, Et beaucoup raisonné sur l'homme et sur l'esprit, Ils tombèrent sur la morale. Il n'est pas besoin que j'étale Tout ce que l'un et l'autre dit. Le récit précédent suffit Pour montrer que le peuple est juge récusable.
En quel sens est donc véritable Ce que j'ai lu dans certain lieu, Que sa voix est la voix de Dieu ? | |
| | | marwane Langue pendue
Nombre de messages : 83 Localisation : Agadir / Maroc Date d'inscription : 06/06/2005
| Sujet: Re: LIVRE -VIII- Ven 11 Nov - 12:56 | |
| LE LOUP ET LE CHASSEUR.
Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux Regardent comme un point tous les bienfaits des Dieu, Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ? Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ? L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage, Ne dira-t-il jamais : " C'est assez, jouissons ? " - Hâte-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre. Je te rebats ce mot, car il vaut tout un livre : Jouis. - Je le ferai. - Mais quand donc ? - Dès demain. - Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin. Jouis dès aujourd'hui ; redoute un sort semblable A celui du chasseur et du loup de ma fable.
Le premier, de son arc, avait mis bas un daim Un faon de biche passe, et le voilà soudain Compagnon du défunt : tous deux gisent sur l'herbe. La proie était honnête, un daim avec un faon ; Tout modeste chasseur en eût été content : Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre archer friand de tels morceaux. Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; la déesse infernale Reprit à plusieurs fois l'heure au monstre fatale. De la force du coup pourtant il s'abattit. C'était assez de biens. Mais quoi ? rien ne remplit Les vastes appétits d'un faiseur de conquêtes. Dans le temps que le porc revient à soi, l'archer Voit le long d'un sillon une perdrix marcher, Surcroît chétif aux autres têtes : De son arc toutefois il bande les ressorts. Le sanglier rappelant les restes de sa vie, Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps, Et la perdrix le remercie.
Cette part du récit s'adresse au convoiteux : L'avare aura pour lui le reste de l'exemple.
Un loup vit, en passant, ce spectacle piteux : " 0 Fortune ! dit-il, je te promets un temple. Quatre corps étendus ! que de biens ! mais pourtant Il faut les ménager, ces rencontres sont rares. (Ainsi s'excusent les avares.) J'en aurai, dit le loup, pour un mois, pour autant : Un, deux, trois, quatre corps, ce sont quatre semaines, Si je sais compter, toutes pleines. Commençons dans deux jours ; et mangeons cependant La corde de cet arc : il faut que l'on l'ait faite De vrai boyau, l'odeur me le témoigne assez. " En disant ces mots, il se jette Sur l'arc qui se détend, et fait de la sagette Un nouveau mort : mon loup a les boyaux percés.
Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse ; Témoin ces deux gloutons punis d'un sort commun : La convoitise perdit l'un ; L'autre périt par l'avarice. | |
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